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Entretien avec Adeline Rosenstein

Updated: Feb 20, 2020

La rep résentation de la question de la Palestine : un théâtre en conflit


# L’altérité au cœur de l’Europe

# Théâtre politique

#Engagement dans l'art

#Débat entre Chabrat-Kajdan Astrid et Adeline Rosenstein, metteuse en scène (Allemagne, Suisse)


Entretien faite par Chiara Boitani


C : Pourquoi vous avez décidé de revenir au théâtre après avoir vu ce qui se passe en Palestine ?

A : En effet, ce qui se passe c’est qu’on fait des allers-retours. Comme j’essayais de dire tout à l’heure il y a une partie de la vie qui est ailleurs qu’au théâtre et puis après il y a une partie de la vie qui est au théâtre. Un théâtre qui est un répit par rapport à certains lieux d’affrontement. Un théâtre qui en même temps est un lieu très, très tendu dans mon esprit. En effet, j’essaye, en contraste avec un système qui voudrait qu’il soit fermé (le théatre), de faire rentrer la lutte dans les théâtres. Cela nous permettent de choisir ensemble des mots qui traduisent en trahissant le moins possible les luttes en question. C’est un endroit aussi d’amitié où sinon les personnes se méfieraient beaucoup les uns des autres, les unes des autres. Ils arrivent à se dire « tu ne sais pas comment tu fais mal quand t’utilise ce mot ». Le théâtre c’est un endroit où on peut avoir la chance de vouloir entendre ça. En dehors du théâtre c’est juste bien tendu.


C : Doit-il le théâtre parler de politique pour être politique ?

A : Là vous me posé beaucoup des questions Parce qu'évidemment il y a pas besoin de parler de politique pour être politique sur scène. On peut utiliser autres choses que les mots. Par contre, évidemment qu’il y a beaucoup de théâtre qui se fait pour plaire, pour satisfaire les clichées, pour satisfaire le besoin de bonne conscience et je ne pense pas que ça soit apolitique. Je pense que c’est une partie du théâtre très conservatrice, simplement. Il y a beaucoup des choses qui se font au théâtre parce-que Messieurs- Dames les citoyens veulent avoir leur théâtre comme on a son bon petit café après le repas. Ça fait partie des choses qu’un bourgeois doit fréquenter, comme le théâtre d’orchestre, où le fait d’avoir quelques livres à la maison aussi. Ça, ce n’est pas forcément politique.


C : Quelle est la place du militantisme dans un travail théâtral ?

A : Pour moi faire du théâtre signifie aussi me rendre indisponible à des nombreuses luttes et mobilisations. A partir de ce moment là, on ne peut que parler du désengagement du théâtre. C’est hyper compliqué de prétendre cet engagement politique, alors même que préparer un spectacle ça demande qu’on s’y consacre et qu’on tourne le dos à tout ce qui nous mobiliserait. J’admire les artistes qui arrivent à faire les deux à la fois. Mais moi je vois bien, pour des questions de calendrier et d’heures de la journée, que je passe moins de temps pour le feu du monde, de mon présent, de ma vie, dans les périodes où je prépare un spectacle. Donc j’essaye de concentrer les périodes de préparation d’un spectacle pour ne pas me dégager.

Mais ce n’est pas moi qu’il faut filmer. [Elle indique les portes fermées de la salle de théâtre où l’on se trouve]. C’est ça qu’il faut filmer : les portes noires, les murs noirs. ça, c’est de ne pas laisser passer.


C : Oui. Je comprends. Mais il n’y a que des spectacles qui se jouent à portes fermées. Les possibilités de représentations sont nombreuses.

A : oui. Certainement… Je cherche encore.


C : Dernière question : Est-ce que vous vous inspirez du travail des universitaires ? Est-ce que de chercheurs s’inspirent de votre travail ?

A : Oui. Pour tous ceux qui cherchent sur des territoires informels ou sur les apprentissages en dehors des écoles, ou sur la création d’autres lieux de transmission du savoir que ceux qui sont prévus par l’état ou par « rien du tout ». Pour eux oui, ça leur intéresse. Ça intéresse ceux qui cherchent une alternative au système universitaire. Mais autrement je ne peux pas dire qu’il y ait un véritable allers-retours, dans le sens où je sais que j’ai beaucoup pris. Et après, on rende ce qu’on peut pendant le spectacle et après le spectacle. Un spectacle qui, par exemple est en train de se faire publier en forme de bande-dessiné.

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