C.1.1 & C.1.2
LA « CRISE » MIGRATOIRE À L’AUNE DES ARTISTES
THE MIGRATION « CRISIS » THROUGH THE EYES OF THE ARTIST
Thématiques communes : #théâtreeneurope #migrations #altérités
Sujets spécifiques : #identitypolitics #representation
**Version française en dessous**
Today’s communication, billed as a series of talks on the “migrant question”, could perhaps be more aptly defined as discussions surrounding “immigration”, “performance inclusivity” and “the question of the Other on stage”. And while some interventions focused strongly on how the problématiques encountered by placing migration + migration related issues on stage, I believe that the discussions became centered around issues regarding who has the right to represent what works - a valid debate, but one that leaves me questioning the power of us, as artist/researchers, to adequately tackle this monumentally pressing issue.
It is important for me to commence by stating the following:
I am white.
I am cis-gendered male.
I have never been subject to persecution forcing me to flee my country.
The migration “crisis” through the eyes of the artist is therefore what for me? Is it a simple method of fetishizing the group other? While I may be an immigrant to France, because of my skin color, economic class, and American origin, people would be much quicker to label me as “ex-pat” than immigrant. So while I may be “Other”, I would be heavily not classify myself in the migrant group (although some may beg to differ based on the more fluid definitions of migration posed during this communication). But it is interesting to consider oneself as the “Other”, for in listening to people speak today, I realized to what extent we often consider ourselves as part of this vast “Other” and yet are also incapable of identifying with it. This idea connects with a common thematic across the conference and in modern discourse on theatrical creation: who has the right to talk about what subjects?
The open-ended questions I have following this séance are:
When artists from relatively more privileged backgrounds make art about refugees Why is it that they often fall into pathos? That is to say the emotional response mechanism is always heavily played up upon, thus turning trauma into spectacle (which in some cases also carries monetary benefits). Furthermore: how does one bridge the divide between artist and refugee -> this enters into a larger discourse that has been had across the colloque regarding who has the right to “the parole” in artistic practice. I myself find the line quite blurred here in terms of to what extent does the artist orchestrate/manipulate/or use the refugee group to advance their own gain?
Does the physical action of putting a refugee on stage and naming them as such operate in a type of mechanism that is like putting them in a zoo?
Who are the audience members of these performances, and how do we evaluate the emotional/concrete impact these shows have on them with regards to the political intrigue of the work in question? This touches upon a larger question regarding whether theatre in general can be or should be considered political.
The key term “migrant” can actually be described many different ways, and often falls back on the term that which changes, or becomes “Other”. Who exactly are migrants that we study in this domain of research?
Also I would like to comment on the idea that this discourse took place in a building by the Corbusier, a questionable figure with regards to his relationship with fascism and the far right, and not once was the idea of location sensitivity evoked throughout the conference. I therefore have to ask the question: are we as theatre researchers are capable of truly attacking the heart of this issue.
I personally find there to be great merit in the work that has been done by artists such as that of Joana Doria de Almeida, with her project Radix - I pose the above questions to push us to dig deeper and go further in thinking about we can talk about the migration crisis specifically. The work today has taught me that we are capable of identifying the problems of the crisis, we are capable of recognizing multiple aesthetic and thematic layers regarding the "Other", but now I want to hear more about works specifically tied to the issue in question. There are some nice echoes with the manifesto of Milo Rau regarding the necessity of a show to include non-actors, or its need to travel to politically distressed regions. But I think the heart of my questioning is what exactly can theatre that tackles the migrant crisis look like: I am still searching for answers.
**Version française**
Theatre, Migration, et la question sulfureuse de l’Autre
La conférence d’aujourd’hui, présentée comme une série d’intervention sur la « question migratoire », pourrait être plus commodément définie comme des discussions autour de « l’immigration », « l’inclusivité de la performance » et « la question de l’Autre sur scène ». Et tandis que certaines interventions se concentraient fortement sur les problématiques de la mise en scène de la migration & les sujets relatifs à celle-ci, je crois que les discussions devinrent focalisées sur des enjeux de qui a le droit de représenter quoi- un débat légitime, mais qui me laisse dubitatif sur notre pouvoir, en tant qu’artistes/chercheurs, de s’attaquer adéquatement à ce problème énorme et pressant.
C’est important pour moi de commencer par déclarer ce qui suit :
-je suis blanc
-je suis un homme cis-genre
-Je n’ai jamais subi de persécutions me poussant à fuir mon pays
Qu’est-ce que c’est pour moi, la « crise » migratoire vu par un artiste ? Est-ce une simple méthode pour fétichiser l’autre ? Bien que je sois un immigré pour la France, du fait de ma couleur de peau, ma classe économique, mon origine américaine, les gens auraient plus vite fait de m’étiquetter « expat » plutôt qu’immigré.
Alors bien que je soit « Autre », je ne me classifierait pas dans la catégorie migrant (bien que certains pourraient nous supplier/demander avec insistance de faire autrement vu les définitions plus fluides de migration posées lors de cette conférence). Mais c’est interessant de se considérer comme l’ « autre », car en écoutant les gens parler aujourd’hui, je me suis rendu compte à quel point on se considère souvent comme un élément de ce vaste « Autre », et pourtant incapable de s’y identifier. Cette idée entre en relation avec un thème fréquent et transversal dans ce congrès, et dans le discours contemporain et la création théâtrale : qui a le droit de parler de quoi ?
Voici les questions ouvertes que j’ai après cette séance :
-quand des artistes de milieux relativement privilégiés font de l’art à propos des réfugiés, comment se fait-il qu’il tombent si souvent dans le pathos ?
Pour ainsi dire le mécanisme de réponse émotionnel est pour cela souvent lourdement utilisé, transformant par conséquent le trauma en spectacle (ce qui dans certains cas s’accompagne de recettes financières). Plus encore, comment peut-on faire un lien là où il y’a un écart entre les artistes et les réfugiés.-> Cela a trait à une discussion plus large qui a eu lieu de part et d’autre du colloque à propos de qui à le droit à « la parole » dans la pratique artistique. Personnellement, je trouve la ligne plutôt floue ici en terme de : jusqu’où l’artiste orchestre/manipule/ou utilise le groupe de réfugiés à son propre avantage.
-Est-ce que l’action réelle de mettre un réfugié sur scène et de le présenter tel quel, opère avec un type de mécanisme similaire à celui de les mettre dans un Zoo ?
-Qui sont les membres du publics de ces performances, et comment évalue-t-on l’impact émotionnel/concret que ces spectacles ont sur eux, en prenant en compte l'enjeu politique du travail en question ? Cela touche à une question plus large, à savoir si le théâtre en général peut ou pourrait être considéré comme politique. -Le terme clef « migrant » peut en fait être décrit de différentes manières, et souvent retombe dans la catégorie qui change ou devient « l’Autre ». Qui sont exactement les migrants que nous étudions dans ce domaine de recherche. ?
Aussi je voudrais commenter le fait que ce discours eut lieu dans un bâtiment du Corbusier, une figure discutable, en raison de sa relation au fascisme et à l’extrême droite, et pas une seule fois l’idée de sensibilité à l’emplacement a été évoquée au cours de la conférence . Je me dois par conséquent de (re)poser la question : somme nous capables, en tant que chercheur dans le théâtre, de vraiment nous attaquer au coeur de ce problème ?
Personnellement, je trouve qu’il y a là un grand mérite dans le travail qui a été réalisé par des artistes comme Joana Doria de Almeida, avec son projet Radix-
je poses ces questions pour nous pousser à creuser plus profondément et aller plus loin dans l’idée que l’on peut parler avec spécificité de la crise migratoire. Le travail aujourd’hui m’a appris que nous sommes capables d’identifier les problèmes de la crise, nous sommes capables de reconnaitre les multiples strates esthétiques et thématique de « l’Autre », mais à présent je veux en entendre plus sur des travaux spécifiquement rattaché au problème en question.
Il y’a des échos interessants au manifeste de Milo Rau en ce qui concerne la nécessité d’un spectacle d’inclure des non-acteurs, ou sa nécessité de voyager dans des régions de catastrophe politique. Mais je pense que le coeur de mon questionnement est : à quoi peut ressembler exactement un théâtre qui s’attaque à la crise des migrants? Je suis toujours à la recherche de réponses
-Sean Hardy
October 27, 2018
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