La "tragédie contemporaine", a-t-elle une catharsis?
E.3.6.
ROLAND, Barbara – Pour un dispositif esthétique de traitement inter et transculturel - représentationnel des «tragédies contemporaines»
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Hier soir, dans le métro, je lisais Le sujet dans le théâtre contemporain, de Serge Bonnevie. Dans cet ouvrage l'auteur argumente que le sujet présenté dans le théâtre contemporain est vraiment différent que les sujets dans le théâtre du passé. Je pense qu'il n'y a pas quelqu'un qui pourrait argumenter le contraire. L'écriture est un art qui change avec le temps, le peuple qui l'écrire et la société dans laquelle elle est présentée et sur laquelle elle se réfère. Je lis dans le même ouvrage que le théâtre "nous renseigne sur l'image que la société se fait d'elle-même et sur la manière dont elle essaie de poser", (Bonnevie, p. 16). Mais la question n'est pas si le sujet est changé, elle est plutôt comment il est changé, qu'est-ce qu'est-il devenu?
"Nous serions (donc) passés d'un théâtre où la crise du sujet était résolue par l'histoire, par l'intrigue, à un théâtre où la crise du sujet se trouve sans résolutions", (Bonnevie, p. 23). Voilà le souci du sujet théâtral contemporain. Il n'y a plus des résolutions donnés pendant des représentations, ou des spectacles, ou des performances en faites. On se trouve dans une société qui n'a pas des solutions aux problèmes posés et par conséquent, le théâtre de cette société apparaît sans résolution aussi.
Je me souviens d'une session du colloque d'EASTAP, où Barbara Roland fait la connection des points (connects the dots) : les spectacles documentaires qui deviennent plus souvent qu'auparavant sont nos tragédies contemporaines...
Je pense à mes années scolaires, je me souviens des règles principales d'une tragédie : le héros commet une hybris, c'est une action ou une parole offensive pour les dieux qui provoque leur intervention, un dieu, Zeus le plus souvent, envoie l'atis au héros qui lui rend fou et aveugle son esprit. Le héros commet plusieurs hybris qui résultent à la nemesis, la colère et la vengeance des dieux. Normalement cependant, à la fin de la tragédie il y a la catharsis, qui selon Platon et Aristotle, est liée à l'âme humaine.
La catharsis se trouve dans la tragédie pour le spectateur, elle donne une "musicalité" qui libère l'âme du spectateur des émotions mauvaises créées par la dramaturgie. Elle lui donne une explication et peut-être une solution à la malaise du héros et des spectateurs qui sont liés au héros. On comprend que la catharsis accompagne la tragédie pour faire le spectateur prendre plaisir à la fin d'une narration avec plusieurs situations difficiles.
À partir de la phrase "tragédie contemporaine" de Barbara Roland, nous avons discuté l'absence de catharsis de nos tragédies. Ce que me frappe est la réalisation qu'il n'y a plus de catharsis parce qu'on n'a plus des résolutions à donner à travers le théâtre. De plus, pensant aux spectacles documentaires que j'ai vu, je crois que c'est mieux de laisser le spectateur dans l'horreur d'une narration d'une histoire réelle. Pourquoi essayerions-nous de donner du plaisir aux spectateurs? Le rôle principal pour faire du théâtre documentaire est pour informer, pour éduquer, pour toucher le spectateur avec un sujet réel, avec des héros réels, avec des monologues réels pour des personnes réels.
On n'a pas de catharsis ainsi qu'on fait du théâtre documentaire qui se trouve ses sujets à l'immigration, aux réfugiés, aux guerres politiques, économiques, sociologiques, et aux situations inhumaines.
Paraskevi Bokovou
